Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/338

Cette page a été validée par deux contributeurs.

barbe démesurément longue et à la main une baguette de frêne.

Maintenant que nous avons raconté séparément la vie de chacun des cyniques, nous ajouterons quelques détails sur les opinions qui leur étaient communes à tous ; car à nos yeux le cynisme est véritablement une secte philosophique, et non, comme on l’a dit quelquefois, un simple genre de vie pratique.

Ils retranchent de la philosophie, à l’exemple d’Ariston de Chio, la logique et la physique, pour s’attacher exclusivement à la morale : ainsi Dioclès met dans la bouche de Diogène ce mot qu’on a aussi attribué à Socrate, qu’il faut chercher

Ce qui se fait de bien et de mal dans l’intérieur des maisons[1].

Ils suppriment également tous les arts libéraux : Antisthène dit à ce sujet que ceux qui sont parvenus à la sagesse n’étudient point les lettres, pour n’être pas distraits par des occupations étrangères. Ils proscrivent la géométrie, la musique et tous les arts analogues. Ainsi quelqu’un ayant montré une horloge à Diogène, il dit : « C’est une bonne chose pour dîner à l’heure. » Une autre fois on lui montrait de la musique : « C’est par la raison, dit-il, et non par la musique et les chansons qu’on gouverne bien les maisons et les États. »

Ils enseignent, comme on le voit dans l’Hercule d’Antisthène, que la fin de l’homme est de vivre selon la vertu, doctrine qui leur est commune avec les stoïciens. En effet, il y a une grande affinité entre les deux sectes ; car les stoïciens appelaient le cynisme une

  1. Homère, Odyss., IV, 392.