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cours. Enflammé par ces récits il conçut une telle passion pour Diogène que, feignant tout à coup d’être devenu fou, il se mit à jeter au hasard tout ce qui était sur la table, argent et billon, si bien qu’il se fit renvoyer par son maître, et aussitôt il s’attacha à Diogène. Il fréquentait aussi Cratès le cynique et avait adopté son genre de vie, ce qui ne fit que confirmer le banquier dans l’idée qu’il était fou.

Ménippe acquit une grande célébrité, à ce point que Ménandre le comique le cite dans une de ses pièces, l’Hippomachus ; voici le passage :

Il y avait, cher Philon, un sage appelé Ménippe, sage tant soit peu obscur, et qui portait la besace… Que dis-je ? c’est trop peu encore ; il portait trois besaces, figurément parlant[1]. Sa maxime favorite ne ressemble en rien, je te le jure, au Connais-toi toi-même, ni à tant d’autres maximes célèbres. Il a laissé tout cela bien loin derrière lui, ce mendiant, ce crasseux ! « Toute opinion, disait-il, n’est que vanité. »

Il avait une noble fermeté d’âme qui lui faisait dédaigner la gloire et rechercher la vérité seule. Il a composé des ouvrages légers, mais qui cachent un sens profond, sans compter deux livres sur les passions et un d’exhortations.

  1. C’est-à-dire « il était trois fois cynique ou trois fois fou. » Tout ce passage avait été corrigé par les commentateurs ; je l’ai rétabli d’après les manuscrits et les anciennes éditions.