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aux sages, » disait-il, et il le démontrait par le raisonnement que nous avons déjà cité : « Tout appartient aux dieux ; les dieux sont amis des sages ; tout est commun entre amis ; donc tout appartient aux sages. » Il prouvait de même que sans lois, il n’y a pas de gouvernement possible : « Sans société, disait-il, il n’y a pas d’ordre possible ; une société, c’est l’ordre ; sans lois, il ne peut y avoir de société ; donc l’ordre c’est la loi. » Il se moquait de la noblesse, de la gloire et de toutes les distinctions analogues, qu’il appelait des ornements du vice. Il prétendait qu’il n’y a qu’un seul gouvernement régulier, celui du monde. Partisan de la communauté des femmes, il disait que le mariage ne signifie rien, et qu’il ne doit y avoir d’autre condition à l’union des sexes que le consentement réciproque ; il admettait en conséquence la communauté des enfants.

Il n’y a aucun mal, selon lui, à manger les offrandes consacrées dans un temple, et à se nourrir de la chair de toute espèce d’animaux, aucune impiété même à manger de la chair humaine ; et à l’appui de cette assertion, il invoquait la coutume des nations étrangères. Il disait, d’ailleurs, qu’en réalité tout est mélangé dans tout, que dans le pain il y a de la chair, du pain dans les légumes, en un mot, que tous les corps se pénètrent mutuellement en vertu d’un échange de particules extrêmement déliées transmises à travers des pores insensibles. C’est ce qu’il explique dans le Thyeste (si toutefois les tragédies qui portent son nom sont de lui ; car on les attribue aussi à Philiscus d’Égine, son ami, ou à Pasiphon, fils de Lucien, qui, au dire de Phavorinus dans les Histoires diverses, les aurait composées après la mort de Diogène). Il dédaignait la musique, la géométrie, l’astronomie et les autres