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je n’aurais d’un sage que l’apparence, ce serait déjà être philosophe. »

Un père lui présentait son fils en vantant son excellent naturel et la pureté de ses mœurs : « En ce cas, reprit-il, qu’a-t-il besoin de moi ? »

Il disait que ceux qui sont honnêtes de paroles, mais non d’actions, ressemblent à une harpe qui ne peut ni entendre ni sentir.

Il entrait un jour au théâtre à l’encontre de ceux qui en sortaient ; comme on lui en demandait la raison : « C’est là, dit-il, ce que je m’exerce à faire dans toute ma conduite. »

Apercevant un jeune efféminé, il lui dit : « Ne rougis-tu pas de ce que la nature a eu de toi meilleure opinion que toi-même ? elle t’a fait homme, et tu t’efforces d’être femme. »

Une autre fois il vit un débauché accorder une harpe : « N’es-tu pas honteux, lui dit-il, de savoir accorder des sons sur un morceau de bois, et de ne savoir pas accorder ton âme dans la conduite de la vie ? »

Quelqu’un lui disait : « Je ne suis pas propre à la philosophie. — Pourquoi vis-tu donc, répliquait-il, si tu ne t’inquiètes pas de bien vivre ? »

Un homme parlait de son père avec mépris : « Ne rougis-tu pas, lui dit Diogène, de penser mal de celui par qui tu as de si sublimes pensées ? »

Un jeune homme d’un extérieur distingué tenant des propos inconvenants, il lui dit : « Quelle honte de tirer une lame de plomb d’un fourreau d’ivoire ! »

On lui reprochait de boire dans une taverne : « Je me fais bien raser, reprit-il, dans l’échoppe d’un barbier. »

On lui reprochait aussi d’avoir reçu un manteau d’Antipater ; il répondit par ce vers :