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ventre à nous autres pauvres gens ; tu seras soulagé d’autant et tu nous rendras service. »

Pendant une dissertation du même rhéteur, Diogène tira tout à coup un poisson salé et détourna ainsi l’attention des auditeurs ; Anaximène se fâchant, il se contenta de répondre : « Un poisson d’une obole a mis fin au discours d’Anaximène. »

Gourmandé par quelqu’un de ce qu’il mangeait sur la place publique, il répondit : « J’ai bien faim sur la place ! »

Quelques auteurs lui attribuent aussi ce trait : Platon le voyant laver ses légumes s’approcha de lui et lui dit tout bas : « Si tu savais faire ta cour à Denys, tu ne laverais pas des légumes. — Et toi, reprit sur le même ton Diogène, si tu avais su laver des légumes, tu n’aurais pas fait la cour à Denys. »

On lui disait : « La plupart des gens se moquent de toi. — Peut-être, dit-il, les ânes se moquent d’eux aussi, mais ils ne s’inquiètent pas des ânes, ni moi d’eux. »

Voyant un jeune homme s’appliquer à la philosophie, il lui dit : « Courage, tu forceras par là les adorateurs de ton corps à reporter leur amour sur la beauté de ton âme. »

Quelqu’un s’étonnait, en sa présence, de la multitude des offrandes déposées dans l’antre de Samothrace : « Il y en aurait bien davantage, dit-il, si ceux qui n’ont point été sauvés par leur vœu en avaient apporté. » (D’autres attribuent ce mot à Diagoras de Mélos.)

Il dit un jour à un jeune homme de bonne mine, en le voyant partir pour un festin : « Tu en reviendras plus mauvais. » Le lendemain, celui-ci lui dit à son retour : « Me voici revenu, et je ne suis pas plus