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sa persévérance. Un jour qu’Antisthène le menaçait de son bâton, il tendit la tête en disant : « Frappe, tu ne trouveras pas un bâton assez dur pour m’éloigner de toi tant que tu parleras. » À partir de ce moment, il devint son disciple et, en sa qualité d’exilé, il s’imposa une vie simple et austère. Théophraste raconte, dans le traité intitulé Mégarique, qu’ayant vu une souris courir sans s’inquiéter d’une chambre pour coucher, sans craindre les ténèbres ni s’occuper en rien de tout ce dont on regarde la jouissance comme indispensable, il trouva dans cet exemple un remède à sa pauvreté. Il est le premier, au dire de quelques-uns, qui ait mis son manteau en double, étant dans la nécessité de s’en servir pour dormir. Il portait une besace qui renfermait sa nourriture et ne faisait aucune différence des lieux, mangeant, dormant, discourant partout où il se trouvait. Il disait à ce sujet, en montrant le portique de Jupiter et le Pompéum, que les Athéniens avaient pris soin de le loger. On lit dans Olympiodore, prostate des Athéniens, dans Polyeucte le rhéteur et dans Lysanias, fils d’Eschrion, qu’une maladie l’avait forcé d’abord à se servir d’un bâton, mais que plus tard il portait constamment son bâton et sa besace, non pas en ville cependant, mais en voyage. Une personne à laquelle il avait écrit de lui procurer une maison ayant tardé à le faire, il adopta pour demeure, ainsi qu’il nous l’apprend lui-même par ses lettres, un tonneau qui se trouvait dans le temple de la mère des dieux. L’été, il se roulait dans le sable brûlant, et l’hiver, il tenait embrassées des statues couvertes de neige ; en un mot, il ne négligeait aucun moyen de s’exercer au courage et à la patience. Il était d’ailleurs mordant et méprisant dans ses discours : il appelait l’école d’Euclide un lieu de