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de Cappadoce. Quant aux autres ouvrages qu’on lui attribue, ils sont de ses élèves, car il n’en a laissé aucun. J’ai composé sur lui les vers suivants dans le mètre logaœdique et archébulien :

Muse, pourquoi m’imposes-tu d’accuser Carnéade ? Quel est l’homme assez ignorant pour ne pas savoir combien il redoutait la mort ? Accablé d’un mal cruel, rongé par une maladie de langueur, il ne voulut point employer le remède souverain : il apprend qu’Antipater a mis fin à sa vie par le poison, et aussitôt il s’écrie : « Donnez-moi, donnez-moi à boire. — Quoi ? lui dit-on, quoi donc ? — Donnez-moi du vin miellé. » Sans cesse il avait ces mots à la bouche : « La nature qui m’a formé saura bien me détruire. » Il n’en mourut pas moins. Et pourtant il lui était si facile de descendre aux enfers en s’épargnant bien des maux !

On rapporte que la nuit sa vue s’était obscurcie à son insu ; il ordonna à un serviteur d’allumer la lampe, et celui-ci lui assurant qu’il l’avait apportée, il lui ordonna de lire pour s’en convaincre. Il eut un grand nombre de disciples, parmi lesquels le plus illustre est Clitomaque, dont nous allons parler.

Il y a eu un autre Carnéade, poëte élégiaque assez froid.




CHAPITRE X.


CLITOMAQUE.

Clitomaque de Carthage s’appelait Asdrubal dans sa patrie, et y enseignait la philosophie dans la langue punique. Il vint à Athènes, âgé déjà de quarante ans, et suivit les leçons de Carnéade. Celui-ci, ayant remarqué son ardeur pour la science, lui fit étudier