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qu’elle était sincère. Mais il tombe gravement malade ; la crainte de la mort le saisit, et lui, qui ne croyait pas aux dieux, qui n’avait jamais vu un temple, lui qui s’était tant moqué de ceux qui offrent aux dieux des sacrifices, il ne se contente plus d’offrir dans les sanctuaires, sur les autels, sur les tables sacrées, la graisse, la fumée et l’encens que doit savourer l’odorat des dieux ; il ne se contente pas de dire : j’ai péché, pardonnez-moi mes fautes passées ; il confie son cou aux enchantements d’une vieille ; il se laisse couvrir les bras de bandelettes, il suspend à sa porte l’aubépine et le rameau de laurier ; il consent à tout pour ne pas mourir. Insensé ! qui croit que la divinité se laisse acheter et que les dieux n’existent que quand il plaît à Bion de le croire ! Sage enfin lorsqu’il n’est plus temps, lorsque son gosier n’est plus qu’un charbon ardent, il s’écrie encore en tendant les mains : Salut, salut, ô Pluton.

Il y a eu dix Bion : le premier, natif de Proconèse et contemporain de Phérécyde de Syros, a laissé deux ouvrages ; le second était de Syracuse, et a écrit sur l’art oratoire ; le troisième est celui dont nous venons de parler ; le quatrième, disciple de Démocrite, est un mathématicien d’Abdère qui a écrit dans les dialectes attique et ionien ; il a le premier enseigné que, dans certains lieux, il y a des nuits et des jours de six mois ; le cinquième, né à Soles, a laissé une histoire d’Éthiopie ; le sixième a composé sur la rhétorique neuf livres qui portent les noms des Muses ; le septième est un poëte lyrique ; le huitième, un statuaire de Milet, cité par Polémon ; le neuvième, un poëte tragique, de ceux qu’on appelait Tharsiens ; le dixième, un sculpteur de Clazomène, ou de Chio, cité par Hipponax.