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Quel homme a pénétré aussi avant que toi dans les profondeurs de la dispute ?

La musique et la géométrie étaient l’objet de ses sarcasmes. Il aimait le faste, et, pour satisfaire ce goût, il courait de ville en ville, sans s’épargner même les plus grossières supercheries : ainsi, à Rhodes, il décida des matelots à l’accompagner, déguisés en écoliers, et il entra avec eux dans un gymnase, attirant par là tous les regards. Il avait aussi l’habitude d’adopter des jeunes gens, afin d’en faire les instruments de ses plaisirs et de pouvoir au besoin compter sur leur appui. Égoïste à l’excès, il répétait sans cesse la maxime « tout est commun entre amis  ; » aussi, quoiqu’il eût un grand nombre d’auditeurs, personne ne voulut jamais s’inscrire au nombre de ses disciples. Cependant il inculqua à plusieurs ses principes licencieux : Bétion, par exemple, un de ses familiers, disait un jour à Ménédème : « Mon cher Ménédème, je couche la nuit avec Bion, et je ne vois pas quel mal il y a à cela. » Les discours de Bion, digne élève de Théodore, étaient encore beaucoup plus obscènes. Dans la suite cependant, étant tombé malade à Chalcis, — car c’est là qu’il mourut, — il se résigna, au dire des habitants, à faire usage d’amulettes et voulut expier ses impiétés envers les dieux. N’ayant personne pour le soigner, il eut beaucoup à souffrir, jusqu’au moment où Antigone lui envoya deux serviteurs. Phavorinus dit, dans les Histoires diverses, qu’il suivait ce prince en litière. Voici des vers satiriques que j’ai faits sur sa mort :

Bion de Borysthène, Scythe d’origine, prétendait, m’a-t-on dit, qu’il n’y a pas de dieux. S’il eût soutenu jusqu’au bout cette opinion, on eût pu croire, toute mauvaise qu’elle est,