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sance d’Halcyon, fils de ce prince : ce jour-là, Arcésilas évitait à dessein de discuter à table ; à la fin cependant, lassé des provocations d’un certain Aridélus, qui insistait pour avoir la solution d’une question embarrassante, il lui dit : « La principale qualité du philosophe est de savoir faire chaque chose à son temps. » Timon revient à plusieurs reprises sur le reproche qu’on lui adressait d’aimer la popularité ; dans ce passage entre autres :

Il dit et se glisse au milieu de la foule. On l’entoure, comme des moineaux un hibou ; on l’admire en montrant sa sotte figure ! Tu plais à la multitude ? La belle affaire, pauvre insensé ! Pourquoi t’enorgueillir et le gonfler comme un sot ?

Du reste, il était tellement modeste qu’il engageait lui-même ses élèves à aller entendre d’autres maîtres : un jeune homme de Chio lui ayant avoué qu’il préférait à sa manière celle d’Hiéronyme, dont nous avons déjà parlé, il le conduisit lui-même à ce philosophe et lui recommanda de se bien conduire. On cite encore de lui un mot assez plaisant. Quelqu’un lui ayant demandé pourquoi on quittait souvent les autres sectes pour celle d’Épicure, et jamais celle d’Épicure pour une autre, il répondit : « Parce que des hommes on fait des eunuques, mais qu’avec des eunuques on ne fait pas des hommes. »

Sur le point de mourir, il légua tous ses biens à Pylade en reconnaissance de ce qu’il l’avait conduit à Chio, à l’insu de son frère Mœréas, et de là à Athènes. Il n’avait pas été marié et ne laissa point d’enfants. Il fit trois exemplaires de son testament et déposa l’un à Érétrie, chez Amphicritus ; le second à Athènes, entre les mains de quelques amis ; il envoya le troisième dans sa patrie, à Thaumasias, un de ses parents,