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Tu n’oublieras pas de gourmander les enfants.

Et, en effet, entendant un jour un jeune homme parler à tort et à travers, il s’écria : « Ne réprimera-t-on pas sa langue à coups de fouet ? » Un autre jeune homme livré à un métier honteux, lui ayant dit qu’il ne pensait pas qu’une chose fût plus grande qu’une autre, il lui demanda s’il ne trouvait pas qu’un objet de dix doigts fût plus long qu’un de six[1].

Un certain Hémon de Chio, homme fort laid, mais qui se croyait beau, et se parait avec beaucoup de recherche, lui demanda un jour s’il pensait que le sage pût ressentir de l’amour pour les jeunes gens : « Pourquoi pas, répondit-il, quand même ils seraient moins beaux que toi et moins bien parés ? »

Ce même Hémon, efféminé s’il en fut, lui ayant dit, comme s’il se fût adressé à un homme dur et morose :

Peut-on te faire une question, ou faut-il se taire ?

il répondit :

Femme, pourquoi me parles-tu durement, contre ta coutume ?

Ennuyé par un bavard de basse extraction, il lui dit :

Les enfants des esclaves ne savent pas contenir leur langue[2].

Une autre fois, entendant un bavard débiter force sottises, il lui dit qu’il n’avait pas eu une nourrice sévère. Souvent il ne répondait rien du tout.

  1. Il y a ici une grossièreté que l’on peut à peine indiquer dans la traduction.
  2. Vers d’Euripide.