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CHAPITRE III.


POLÉMON.

Polémon, fils de Philostrate, était Athénien, du dème d’Œé. Jeune, il s’abandonnait sans réserve à ses passions ; son incontinence était telle qu’il portait toujours de l’argent sur lui pour être à même de satisfaire à son gré ses désirs ; il en cachait même dans les carrefours pour cet usage, et l’on trouva une fois jusque dans l’Académie, au pied d’une colonne, trois oboles qu’il y avait mises en réserve dans le même but.

Un jour il se réunit à d’autres jeunes gens, et se précipita, ivre, une couronne sur la tête, dans l’école de Xénocrate ; mais celui-ci, sans se déconcerter, continua son discours qui roulait sur la tempérance ; Polémon, séduit peu à peu par ses paroles, montra dès lors une telle ardeur qu’il surpassa tous ses compagnons et succéda à Xénocrate, la cent seizième olympiade[1]. Antigonus de Caryste dit, dans les Vies, que son père était le premier citoyen de sa bourgade, et qu’il envoyait des chars concourir aux jeux publics[2]. Il ajoute que Polémon eut à repousser en justice les imputations de sa femme qui l’accusait d’avoir des relations avec des jeunes gens ; mais qu’il réforma si bien ses mœurs et prit un tel empire sur lui-même à partir du moment où il se livra à la philosophie, que, dès lors, on ne vit jamais la moindre altération sur

  1. 311 avant J. C.
  2. Les citoyens les plus riches pouvaient seuls faire cette dépense.