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Il est le premier, suivant Diodore, au premier livre des Commentaires, qui ait considéré les sciences dans leurs rapports communs et se soit efforcé de montrer leur enchaînement mutuel. C’est lui aussi, suivant Cénée, qui a le premier publié les opinions secrètes de Socrate[1] ; c’est lui enfin qui a inventé l’art de faire des tonneaux avec des douves de bois mince.

Perclus par une paralysie, il manda Xénocrate et le chargea de lui succéder dans son école. On rapporte que, se faisant un jour traîner à l’Académie dans un char, il rencontra Diogène et lui cria : « Salut ; » à quoi celui-ci répondit : « Je ne t’en dirai pas autant, toi qui te résignes à vivre dans un pareil état. » À la fin cependant le courage lui manqua et il se donna la mort dans un âge avancé. J’ai fait sur lui ces vers :

Si je ne savais, à n’en pas douter, comment mourut Speusippe, jamais je n’aurais pu le croire : non ! il n’était point du sang de Platon ; car il n’aurait pas eu la pusillanimité de se donner la mort pour une cause si légère.

Plutarque dit, dans les vies de Lysandre et de Sylla, qu’il mourut d’une maladie pédiculaire[2]. Timothée assure aussi, dans les Vies, que tout son corps tombait en dissolution. Il ajoute que Speusippe dit un jour à un homme riche, amoureux d’une femme laide : « Qu’as-tu besoin de celle-là ? pour dix talents je t’en trouverai une plus belle. »

Il a laissé une foule de commentaires et de nombreux dialogues, entre autres : Aristippe de Cyrène ; de la Richesse, un livre ; de la Volupté, I ; de la Justice, I ; de la Philosophie, I ; de l’Amitié, I ; des Dieux, I ; le Philosophe, I ; à Céphalus, I ; Cépha-

  1. Je lis : Σωκράτους
  2. Il n’y a rien de pareil dans Plutarque.