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tant qu’elle est une aspiration à la sagesse divine. Mais, dans une acception plus générale, Platon l’emploie pour exprimer toute espèce de connaissances : c’est dans ce sens qu’il appelle sage l’artisan. Il se sert souvent des mêmes mots pour désigner des choses différentes ; ainsi il prend le mot φαῦλος[1] dans le sens de simple. Euripide lui donne aussi la même acception dans la pièce intitulée Lycimnius, où il dit en parlant d’Hercule :

Il était simple, sans apprêt, éminemment bon et honnête ; il mettait toute sa sagesse dans l’action, et ne parait point ses discours.

Ce même mot, chez Platon, signifie aussi honnête ; quelquefois même il a le sens de petit. Souvent aussi il emploie des mots différents pour exprimer la même chose ; ainsi il appelle l’idée genre, espèce, exemplaire, principe, cause. Quelquefois un même objet est désigné par des termes contraires ; par exemple, il appelle l’objet sensible, être et non-être ; être en tant qu’il est produit, non-être en tant qu’il change sans cesse. Il dit encore que l’idée n’est ni en repos ni en mouvement, qu’elle est identique à elle-même, une et multiple ; sans compter beaucoup d’autres locutions analogues qui se rencontrent à chaque pas dans ses ouvrages.

Il y a trois choses à considérer dans Platon : d’abord ce qu’il dit, les diverses opinions qu’il énonce ; en second lieu, dans quel sens il le dit, s’il parle au propre ou au figuré, s’il exprime une opinion personnelle, ou s’il ne fait que réfuter une allégation ; troisièmement, si ce qu’il dit est vrai. Mais avant tout il

  1. Ordinairement il signifie : pervers.