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une lettre justificative, grâce à laquelle Platon put retourner sain et sauf à Athènes. Voici cette lettre :

ARCHYTAS À DENYS, SALUT.

Nous tous, amis de Platon, nous t’envoyons Lamiscus et Photidas pour réclamer de toi ce philosophe, conformément à la parole que tu nous as donnée. Il est juste que tu te souviennes de l’empressement que tu avais à le voir, lorsque tu nous demandais instamment à tous de l’engager à se rendre auprès de toi. Tu nous promis alors qu’il ne manquerait de rien, et qu’il trouverait auprès de toi toute sécurité, soit qu’il voulût rester, soit qu’il eût dessein de partir. Souviens-toi aussi de la joie que te causa son arrivée, de l’affection toute particulière que tu lui as vouée depuis lors. S’il est survenu entre vous quelque nuage, tu n’en es pas moins tenu de te montrer généreux et de nous le renvoyer sain et sauf. En agissant ainsi, tu feras justice et tu acquerras des droits à notre reconnaissance.

Le but de son troisième voyage était de réconcilier Dion avec Denys ; mais il revint à Athènes sans avoir réussi. Il resta toujours étranger aux affaires publiques, quoique ses ouvrages attestent une haute capacité politique. Il donnait pour raison de son éloignement des affaires l’impossibilité de réformer des règles de gouvernement dès longtemps adoptées, et que lui ne pouvait approuver. Pamphila rapporte, au vingt-cinquième livre des Mémoires, que les Arcadiens et les Thébains lui demandèrent des lois pour une grande ville qu’ils avaient bâtie, mais qu’il refusa lorsqu’il eut appris qu’ils ne voulaient pas y établir l’égalité. On dit qu’il osa seul se charger de la défense de Chabrias, accusé d’un crime capital, défense qu’aucun autre Athénien n’avait voulu accepter. Comme il montait avec lui à l’Acropole, il rencontra le délateur Crobylus qui lui dit : « Tu viens en défendre un autre, sans songer que la ciguë de Socrate t’attend à ton