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n’était qu’un philosophe, on le renvoya absous. Suivant quelques auteurs, il avait été amené sur la place publique et tous les regards étaient fixés sur lui ; mais lui ne prononça pas même une parole, résigné d’avance à tout ce qui pourrait lui arriver. Les Eginètes lui firent grâce de la vie et le condamnèrent seulement à être vendu comme captif. Annicéris de Cyrène, qui se trouvait là par hasard, l’acheta moyennant vingt mines, d’autres disent trente, et le renvoya à Athènes vers ses amis. Ceux-ci lui ayant fait passer le prix de la rançon, il le refusa et répondit qu’ils n’étaient pas les seuls dignes de s’intéresser à Platon. D’autres prétendent que Dion envoya aussi à Annicéris la somme qu’il avait dépensée, et qu’au lieu de la refuser il la consacra à acheter à Platon un petit jardin près de l’Académie. Quant à Pollis, Phavorinus rapporte, au premier livre des Commentaires, qu’il fut vaincu par Chabrias, et plus tard englouti dans les flots, non loin des rivages d’Hélix[1], victime du courroux des dieux irrités contre lui pour sa conduite envers le philosophe. Denys, inquiet, de son côté, écrivit à Platon aussitôt qu’il eut appris sa délivrance, et le pria de ne point le maltraiter dans ses discours ; à quoi Platon répondit qu’il n’avait pas assez de loisir pour se souvenir de Denys.

Il alla une seconde fois en Sicile afin de demander à Denys le Jeune des terres et des hommes pour réaliser le plan de sa république. Denys promit beaucoup et ne tint point parole. On prétend même que Platon courut alors quelque danger, sous prétexte qu’il excitait Dion et Théotas à affranchir la Sicile. Le pythagoricien Archytas écrivit à cette occasion à Denys

  1. Ville du Péloponèse.