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hier ; nous ne serons pas demain ce que nous sommes aujourd’hui ; chaque instant nous trouve différents, en vertu du même principe. »

Alcimus ajoute : « Les philosophes prétendent que l’âme perçoit certaines choses au moyen du corps, et d’autres par elles-mêmes, sans que le corps intervienne ; de là pour eux la distinction des choses en sensibles et intelligibles. Conformément à cette doctrine, Platon disait que pour arriver à la connaissance des principes de l’univers, il faut d’abord étudier les idées en elles-mêmes, par exemple les idées de similitude, d’unité, de quantité, de grandeur, de repos, de mouvement ; en second lieu, qu’il faut connaître le bien en soi, l’honnête et le juste ; troisièmement, qu’il faut avoir égard aux idées qui renferment quelque relation, comme celles de science, de grandeur, de puissance. On doit admettre, selon lui, que les choses qui tombent sous nos sens participent des idées et en tirent leur nom ; par exemple, qu’on appelle juste ce qui participe de la justice ; honnête ce qui participe de l’honnêteté ; qu’enfin chacune de ces idées premières est éternelle, purement intelligible et immuable. C’est pour cela qu’il dit que les idées sont dans la nature comme les exemplaires des choses ; que celles-ci sont à l’image et comme les copies des idées. Voici d’un autre côté ce que dit Épicharme du bien et des idées :

« La musique est-elle quelque chose ? — Oui, sans doute. — L’homme est-il la musique ? — Nullement. — Qu’est-ce donc que le musicien ; n’est-ce pas un homme ? — Assurément. — Ne vous semble-t-il pas qu’il en est de même par rapport au bien ? Le bien est quelque chose en soi, et l’homme bon et vertueux est celui qui le pratique. Il en est de cela comme des arts ; on est joueur de flûte, maître de danse, tisserand, quand on a