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et qui s’envola en faisant entendre des chants harmonieux ; le lendemain Platon se présenta à lui et il dit que c’était là le cygne qu’il avait vu.

Platon enseigna d’abord à l’Académie, et ensuite dans un jardin près de Colone, au rapport d’Héraclite, cité par Alexandre dans les Successions. Il n’avait pas encore renoncé à la poésie et se disposait même à disputer le prix de la tragédie dans les fêtes de Bacchus, lorsqu’il entendit Socrate pour la première fois ; il brûla aussitôt ses vers en s’écriant :

Vulcain, viens ici ; Platon implore ton secours[1].

À partir de ce moment, il s’attacha à Socrate ; il avait alors vingt-sept ans. Après la mort de Socrate il suivit les leçons de Cratyle, disciple d’Héraclide, et celles d’Hermogène, philosophe de l’école de Parménide. À l’âge de vingt-huit ans[2], suivant Hermodore, il se retira à Mégare, auprès d’Euclide, avec quelques autres disciples de Socrate, puis il alla à Cyrène entendre Théodore le mathématicien, et de là en Italie, auprès des pythagoriciens Philolaüs[3] et Eurytus. Il passa ensuite en Égypte, pour y converser avec les prêtres. Euripide l’accompagnait, dit-on, dans ce voyage ; il y fit une maladie dont les prêtres le guérirent avec de l’eau de mer. C’est là ce qui lui a suggéré ce vers :

La mer lave tous les maux des hommes[4].

C’est aussi ce qui lui a fait dire avec Homère que tous les Égyptiens étaient médecins.

  1. Parodie d’un vers de l’Iliade, XVIII, 392.
  2. Il devait avoir alors vingt-neuf ou trente ans.
  3. Philolaüs était mort quand Platon visita l’Italie.
  4. Iphigénie en Tauride, II, 93.