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On se trompe donc quand on prétend qu’il n’avait rien lu, excepté la Médée d’Euripide, qui se trouve, dit-on, dans le recueil de Néophron de Sicyone. Il dédaignait les doctrines de Platon, de Xénocrate et de Parébate de Cyrène ; mais il avait une grande estime pour Stilpon. Interrogé un jour sur le compte de ce dernier, il se contenta de répondre : « C’est un noble caractère. »

Son langage était prudent et couvert, son argumentation irrésistible. Il parlait du reste avec abondance sur toute espèce de sujets. Antisthène, dans les Successions, vante beaucoup sa subtilité. Voici un exemple de sa manière : « Deux choses différentes ne sont pas les mêmes ; le bien diffère de l’utile ; le bien n’est donc pas utile. » Il rejetait, dit-on, les propositions négatives et n’admettait que celles qui étaient affirmatives ; encore, parmi ces dernières, il repoussait toutes celles qui n’étaient pas simples, sous prétexte qu’elles étaient complexes et concrètes. Héraclide prétend qu’il suivait la doctrine de Platon et se moquait de la dialectique. On rapporte à ce sujet qu’Alexinus lui ayant demandé s’il avait cessé de battre son père, il répondit : « Je n’ai ni commencé, ni cessé. — Il fallait, lui dit Alexinus, répondre par oui ou par non. — Il serait plaisant, reprit Ménédème, de recevoir vos lois quand on peut vous arrêter à la porte. »

Il disait à Bion, qui attaquait sans cesse les devins, qu’il égorgeait les morts. Quelqu’un ayant dit devant lui que voir tous ses désirs satisfaits était un grand bonheur : « C’en est un bien plus grand, reprit-il, de ne désirer que ce qui est juste. »

Antigone de Caryste dit qu’il n’a rien écrit et qu’il n’avait sur aucun point d’opinion arrêtée. Il ajoute qu’il était si ardent à la discussion, qu’il en sortait