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par la pauvreté à l’état d’architecte. Quelques auteurs ajoutent qu’il s’occupait aussi à coudre des tentes, et que Ménédème apprit de lui cette profession avec celle d’architecte. On raconte à ce propos qu’un disciple d’Alexinus, faisant allusion à son ancienne profession, lui dit ironiquement à l’occasion d’un décret qu’il proposait : « Il ne convient au sage, ni de faire des tentes, ni de faire des décrets. » Ménédème faisait partie de la garnison envoyée par les Érétriens à Mégare. Il alla de là trouver Platon à l’Académie et, séduit par lui, il abandonna le métier des armes. Asclépiade de Phlionte l’entraîna ensuite à Mégare, auprès de Stilpon dont ils suivirent tous deux les leçons. Ils allèrent de là à Élis où ils s’attachèrent à Anchipylus et à Moschus, sectateurs de Phédon. Jusque-là l’école de Phédon s’était appelée éliaque, ainsi que nous l’avons dit dans la vie de ce philosophe ; à partir de Ménédème, elle prit le nom d’érétriaque, Ménédème étant d’Érétrie.

Ménédème était, à ce qu’il paraît, extrêmement grave et sérieux ; Cratès le raille ainsi à ce propos :

Le Phliasien Asclépiade et le taureau d’Érétrie.

Timon dit aussi de lui :

Ce diseur de riens, qui fronce le sourcil en bourdonnant de pompeuses sornettes.

Telle était sa sévérité, qu’Eurylochus de Casandrie ayant été invité à dîner par Antigone, avec Cléippide, jeune homme de Cyzique, n’osa pas accepter de peur que Ménédème n’en fût instruit ; car sa mordante franchise ne ménageait personne. Entendant un jour un jeune homme parler avec arrogance, il prit sans