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aucune faute ; il en est de même si l’on se sert de la beauté en tant qu’elle est utile. »

C’est par de pareils arguments qu’il surprenait l’assentiment de ses auditeurs. Voici, dit-on, à quelle occasion il fut surnommé Théos, ou Dieu. Stilpon lui dit un jour : « Théodore, es-tu ce que signifie ton nom ? — Oui. — Ton nom veut dire Dieu ? — Sans doute. — Tu es donc un Dieu ? » Théodore prit la chose assez gaiement, et lui dit en riant : « Mon cher, tu démontrerais par le même raisonnement que tu es un geai ou tout autre animal du même genre. »

Un jour, étant assis auprès de l’hiérophante Euryclide, il lui dit : « Apprends-moi, Euryclide, quels sont ceux qu’on appelle impies relativement aux mystères. — Ce sont, dit-il, ceux qui les révèlent aux profanes. — Tu es donc un impie, répliqua Théodore, car c’est par toi que les profanes y sont initiés. »

Peu s’en fallut qu’il ne fût cité devant l’Aréopage ; mais Démétrius de Phalère le tira d’embarras. Amphicrate dit cependant, dans les Vies des Hommes illustres, qu’il fut condamné à boire la ciguë. Pendant qu’il était à la cour de Ptolémée fils de Lagus, ce prince l’envoya en ambassade auprès de Lysimaque. Comme il parlait fort librement, Lysimaque lui dit de son côté : « Est-il vrai, Théodore, que tu aies été chassé d’Athènes ? — Oui, répondit-il, on ne t’a pas trompé ; Athènes m’a chassé, semblable à Sémélé qui fut trop faible pour porter Bacchus. »

Lysimaque lui dit en le congédiant : « Que je ne te revoie jamais ici. — Non, répliqua-t-il, à moins que Ptolémée ne me renvoie. » Mythrus, intendant de Lysimaque était présent ; il lui dit : « Il me semble que non content de méconnaître les dieux tu manques aussi aux rois. — Comment méconnaîtrais-je l’existence des