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Il passait un jour auprès de Diogène qui lavait des légumes : « Si tu savais, lui dit celui-ci, te contenter de légumes, tu ne ramperais pas à la cour des tyrans. — Et toi, dit Aristippe, si tu savais converser avec les hommes, tu ne laverais pas des légumes. »

On lui demandait quel avantage il avait retiré de la philosophie : « Celui, dit-il, de pouvoir converser librement avec tout le monde. »

Quelqu’un le blâmait de s’adonner à la bonne chère : « Si cela était mal, répondit-il, on ne le ferait pas dans les fêtes des dieux. »

« En quoi êtes-vous donc supérieurs au reste des hommes, lui disait-on, vous autres philosophes ? — En ce sens, répondit-il, que si toutes les lois étaient supprimées, notre conduite n’en serait pas moins régulière. »

« Pourquoi, lui dit un jour Denys, les philosophes vont-ils frapper à la porte des riches, tandis que les riches ne vont pas à celle des philosophes ? — C’est, dit-il, que ceux-ci savent ce dont ils ont besoin, et que les riches ne le savent pas. »

Platon lui ayant reproché d’aimer la bonne chère, il répliqua : « Que penses-tu de Denys ; est-il homme de bien ? — Oui, sans doute. — Eh bien, il vit encore plus splendidement que moi ; on peut donc tout à la fois vivre honnêtement et bien vivre, »

On lui demandait quelle différence il y a entre les savants et les ignorants : « La même, répliqua-t-il, qu’entre les chevaux domptés et ceux qui ne le sont pas. »

Étant entré chez une courtisane et voyant rougir un des jeunes gens qui l’accompagnaient, il lui dit : « Le mal n’est pas d’y entrer, mais de n’en pouvoir sortir. »

Quelqu’un lui proposa une énigme, en lui disant :