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Xanthippe, je m’accommoderai facilement avec tout le monde. »

Ces maximes et ces exemples lui valurent de la part de la Pythie ce témoignage si flatteur que tout le monde connaît. Interrogée par Chéréphon, elle répondit :

De tous les hommes, Socrate est le plus sage.

Cet oracle excita contre lui de nombreuses jalousies, d’autant plus qu’il s’était souvent moqué de la stupidité de ceux qui avaient une haute opinion d’eux-mêmes. C’est ainsi qu’il avait critiqué Anytus, comme Platon nous l’apprend dans le Ménon. Anytus, irrité des railleries de Socrate, excita d’abord contre lui la verve d’Aristophane ; puis il engagea Mélitus à l’accuser comme impie et corrupteur de la jeunesse. L’accusation fut portée par Mélitus et soutenue par Polyeucte, au dire de Phavorinus, dans les Histoires diverses. Hermippe prétend que la harangue fut rédigée par le sophiste Polycrate, — d’autres disent Anytus, — et que l’orateur Lycon conduisit toute l’affaire. Antisthène, dans la Succession des Philosophes, et Platon dans l’Apologie, nomment trois accusateurs : Anytus, Lycon et Mélitus : Anytus au nom des politiques et des magistrats, Lycon pour les orateurs et Mélitus pour les poëtes, tous gens que Socrate avait peu ménagés. Phavorinus prétend avec raison, au premier livre des Commentaires, que la harangue de Polycrate est supposée ; car, dit-il, il y est question des murs rebâtis par Conon, fait postérieur de six ans à la mort de Socrate.

Voici quels furent les chefs d’accusation confirmés par serment ; Phavorinus dit qu’on les conserve encore dans le temple de la mère des dieux