Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/101

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ner de son dessein. Il inculqua aussi à Lysis une grande pureté de mœurs ; en un mot il savait parfaitement accommoder ses discours à la situation. Xénophon rapporte qu’il calma, par ses conseils, son fils Lamproclès, irrité contre sa mère, et qu’il détourna Glaucon, frère de Platon, des affaires publiques auxquelles il n’était pas propre ; il porta au contraire à s’y livrer Charmide qui avait l’aptitude nécessaire. Il enflamma le courage d’Iphicrate, général athénien, en lui montrant les coqs du barbier Midas qui ne craignaient pas d’attaquer ceux de Callias. Glauconide disait de lui qu’il fallait que la ville le conservât précieusement, comme un faisan ou un paon.

Socrate s’étonnait de ce que chacun sût parfaitement le compte de ses biens, et ne sût pas le nombre de ses amis, tant on s’en inquiète peu ! Voyant Euclide se livrer avec ardeur à la dialectique, il lui dit : « Mon cher Euclide, tu pourras faire des sophistes, mais non des hommes ; » car il méprisait comme inutile tout ce vain parlage, ainsi que le remarque Platon dans l’Euthydème. Charmide lui ayant donné des esclaves pour en tirer profit, il les refusa. Quelques auteurs ont aussi prétendu qu’il ne faisait aucun cas de la beauté d’Alcibiade. Il disait, suivant Xénophon dans le Banquet, que le loisir est le plus grand des biens.

Il enseignait aussi qu’il n’y a qu’un seul bien, la science ; qu’un seul mal, l’ignorance ; que la richesse et la naissance n’ont rien qu’on doive ambitionner ; que bien loin de là elles sont une source de maux. On lui disait un jour qu’Antisthène avait pour mère une Thrace : « Pensez-vous donc, répliqua-t-il, qu’un si grand homme eût pu naître d’une mère et d’un père athéniens ? »

Phédon était réduit par sa condition d’esclave à un