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ces manieres, il y en a encore d'autres dont se forment ces sortes de natures. Rien de tout cela ne contredit les sens, si on considére la maniere dont les images produisent leur effets, & comment elles nous donnent un sentiment des objets extérieurs. Il faut supposer aussi que c'est par le moyen de quelque chose d'extérieur que nous voyons les formes & que nous en avons une idée distincte; car un objet, qui est hors de nous, ne peut nous imprimer l'idée de sa nature, de sa couleur & de sa figure autrement que par l'air qui est entre lui & nous, & par les rayons, ou especes d'écoulemens qui parviennent de nous jusqu'à l'objet. Nous voyons donc par le moyen des formes, qui se détachent des objets mêmes de leur couleur, de leur ressemblance, & qui pénétrent, à proportion de leur grandeur & avec un mouvement extrêmement prompt, dans la vûe ou dans la pensée. Ensuite ces formes nous ayant donné de la même maniere l'idée d'un objet unique & continu, & conservant toujours leur conformité avec l'objet dont elles sont séparées, nourries d'ailleurs par les atômes qui les produisent, l'idée que nous avons reçue dans la pensée, ou dans le sens, soit d'une forme, soit d'un accident, nous représente la forme même du solide par le moyen des especes qui se succédent[1].

  1. Voyez Kühnins.