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Ces Philosophes nioient toute démonstratio, tout jugement, tout caractere, toutes cause, mouvement, science, génération, & croyoient que rien n'est par sa nature bon ou mauvais.

Toute démonstration, disoient-ils, est formée ou de choses démontrées, ou d'autres qui ne le sont point. Si c'est de choses qui se démontrent, elles-mêmes devront être démontrées, & ainsi jusqu'à l'infini. Si au contraire c'est de choses qui ne se démontrent point, & que toutes, ou quelques-unes, ou une seule, soient autres qu"on ne les conçoit, tout le raisonnement cesse d'être démontré. Ils ajoutent que s'il semble qu'il y ait des choses qui n'ont pas besoin de démonstration, il est surprenant qu'on ne voye pas qu'il faut démontrer cela même que ce sont de premiers principes. Car on ne sauroit prouver qu'il y a quatre élemens par la raison qu'il y a quatre élemens. Outre cela, si on ne peut ajouter foi aux parties d'une proposition, nécessairement on doit se refuser à la démonstration générale. Il faut donc un caractere de vérité, afin que nous sachions que c'est une démostration, & nous avons également besoins d'une démonstration pour connoître le caractere de vérité. Or, comme ces deux choses dépendent l'une de l'autre, elles sont un sujet qui nous oblige de suspendre notre jugement. Et comment parviendra-t-on à la certitude sur des choses qui ne sont pas évidentes, si on ignore comment