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emporte la même indécision, parce que si les raisons de choses contraires sont équivalentes, il en doit résulter l'ignorance de la vérité; & cette proposition même est, selon eux, combattue par une raison contraire, qui à son tour, après avoir détruit celles qui lui sont opposées, se détruit elle-même, à peu près comme les remedes purgatifs passent eux-mêmes avec les matieres qu'ils chassent. Quant à ce que disent les Dogmatiques que cette maniere de raisonner n'est pas détruire la raison, mais plûtôt la confirmer, les Sceptiques répondent qu'ils ne se servent des raisons que pour une simple usage, parce qu'en effet il n'est pas possible qu'une raison soit détruite par ce qui n'est point une raison, tout comme, ajoutent-ils, lorsque nous disons qu'il n'y a point de lieu, nous sommes obligés de prononcer le mot de lieu; nous l'exprimon, non dans un sens affirmatif, mais d'une maniere simplement déclarative. La même chose a lieu, lorsqu'en disant que rien ne se fait par nécessité, nous sommes obligés de prononcer le mot de nécessité. Ainsi expliquoient ces Philosophes leurs sentimens; car ils prétendoient que tout ce que nous voyons n'est pas tel dans sa nature, mais une apparence. Ils disoient qu'il recherchoient, non ce qui se peut comprendre, car la compréhension emporte évidence, mais seulement ce que les sens nous découvrent des objets; de sorte que la raison,