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Ariston


ARISTON.



Ariston le Chauve, natif de Chio & surnommé Sirene, faisoit consister la fin, qu’on doit se proposer, à être indifférent sur ce où il n’y ni vice, ni vertu. Il n’exceptoit aucune de ces choses, ne penchoit pas plus pour les unes que pour les autres, & les regardoit toutes du même œil. Le sage, ajoutoit-il, doit ressembler à un bon Acteur, qui soit qu’il joue le rôle de Thersite[1], ou celui d’Agamemnon, s’en acquitte d’une maniere également convenable Il vouloit qu’on ne s’appliquât, ni à la physique, ni à la logique, sous prétexte que l’une de ces sciences étoit au-dessus de nous, & que l’autre ne nous intéressoit point. La Morale lui paroissoit être le seul genre d’étude qui fût propre à l’homme. Il comparoit les raisonnemens de la Dialectique aux toiles d’araignées, qui, quoiqu’elles semblent renfermer beaucoup d’art, ne sont d’aucun usage. Il n’étoit ni de l’avis de Zénon, qui croyoit qu’il y a plusieurs sortes de vertus, ni de celui des philosophes Mégariens, qui disoient que la vertu est une chose unique, mais à laquelle on donne plusieurs

  1. Homme laid & grossier.