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Ou il fait jour, ou il fait nuit : mais il ne fait point nuit ; il fait donc jour.

Suivant les Stoïciens, une vérité suit de l’autre, comme de cette vérité qu’il soit nuit, il est aussi faux qu’il fasse des ténèbres. On peut insérer aussi une vérité d’une fausseté, comme de celle-ci que la terre vole, on insère cette vérité, que la terre existe. Mais d’une vérité on ne peut point insérer une fausseté, comme de ce que la terre existe, il ne s’ensuit point qu’elle vole. Il y a aussi des raisonnements embarrassés, qu’on nomme diversement, couvert, cachés, les sorites, ceux dits Cornus, & les impersonnels, ou qui ne désignent personne. Voici un exemple de raisonnement caché, N’est-il pas vrai que deux sont un petit nombre ? Que trois sont un petit nombre, & que ces nombres ensemble sont un petit nombre : n’est-il pas vrai aussi que quatre sont un petit nombre & ainsi de suite jusqu’à dix : or deux deux sont un petit nombre ; donc dix en sont un pareil. Les raisonnements, qui ne désignent personne, sont composé d’un terme fini & d’un terme indéfini, & ont assomption & conclusion, comme, Si quelqu’un est ici, il n’est point à Rhodes.

Telles sont les idées des Stoïciens sur la Logique, & c’est ce qui les fait insister sur l’opinion que le Sage doit toujours être bon Dialecticien.