la saison où ils sont mûrs. On lui demanda un jour quelle était la principale vertu des jeunes gens ; il répondit que c’était celle de n’embrasser rien de trop. Il conseillait de s’appliquer à la géométrie jusqu’à ce qu’on sût donner et recevoir de la terre par mesure et en égale quantité.
Euripide ayant osé dire sur la vertu, dans sa pièce intitulée Auge,
qu’il était bon de s’en dépouiller hardiment,
il se leva et sortit, en disant ces paroles : « Quel ridicule n’est-ce point de faire des recherches sur un esclave qui s’est enfui, et de permettre que la vertu périsse ? » Interrogé s’il valait mieux se marier ou non : « Lequel des deux que l’on choisisse, dit-il, le repentir est certain. » Il s’étonnait fort de ce que les sculpteurs en pierre se donnaient tant de peine pour imiter la nature, en tâchant de rendre leurs copies semblables aux originaux, et de ce qu’ils prenaient si peu de soin pour ne pas ressembler eux-mêmes à la matière dont ils faisaient leurs statues. Il conseillait aux jeunes gens de se regarder souvent dans le miroir, afin de se rendre dignes de leur beauté, s’ils en avaient, ou de réparer la difformité de leur corps en s’ornant l’esprit de science.
Un jour il invita à souper des personnes riches ; et comme Xantippe avait honte du régal que son mari se préparait à leur donner, il lui dit : « Ne vous inquiétez pas ! si mes conviés sont sobres et discrets, ils se contenteront de ce qu’il y aura ; si au contraire ils sont gourmands, moquons-nous de leur avidité. » Il disait qu’il mangeait pour vivre, au lieu que d’autres ne vivaient que pour manger. Il comparait l’action de louer la multitude à celle d’un homme qui rejetterait une pièce de quatre drachmes comme de nulle valeur, et qui recevrait ensuite pour bon argent une quantité de ces mêmes espèces. Eschine lui ayant dit : Je suis pauvre, et je n’ai rien en mon pouvoir que ma personne, disposez-en ; Socrate lui répondit : Songez-vous bien à la grandeur du présent que vous me faites ? Un homme s’affligeait du