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Amipsias l’a représenté couvert d’un manteau commun, et lui adresse ce discours :

Socrate, toi qui es la meilleure d’entre peu de personnes et la plus vaine d’entre plusieurs, quel sujet t’amène enfin dans notre compagnie, et depuis quand peux-tu nous souffrir ? Mais à propos de quoi portes-tu cette robe d’hiver ? C’est sans doute une méchanceté de ton corroyeur.

Lors même que Socrate souffrait la faim, il ne put se résoudre à devenir flatteur. Aristophane en rend témoignage lorsque, pour exprimer le mépris que ce philosophe avait pour la flatterie, il dit :

Enflé d’orgueil, tu marches dans les rues en jetant les deux de tous côtés ; et quoique tu ailles nu-pieds et que tu souffres plusieurs maux, tu parais toujours avec la gravité peinte sur le visage.

Il n’était pourtant pas tellement attaché à cette manière de vivre qu’il ne s’accommodât aux circonstances ; il s’habillait mieux selon les occasions, comme lorsqu’il fut trouver Agathon, ainsi que le rapporte Platon, dans son Banquet.

Il possédait au même degré le talent de persuader et de dissuader ; jusque là que Platon dit que, dans un discours qu’il prononça sur la science, il changea Théétète, qui y était présent, et en fit un homme extraordinaire. Eutyphron poursuivait son père en justice pour le meurtre d’un étranger : il le détourna de son dessein, en traitant de quelques devoirs relatif à la justice et à l’amour filial. Il inculqua à Lysis une grande pureté de mœurs. Enfin il avait un génie tout-à-fait propre à faire naître ses discours des occasions. Xénophon rapporte que par ses conseils il adoucit son fils Lamproclès, qui se conduisait mal envers sa mère, et qu’il engagea Glaucon, frère de Platon, à ne point se mêler des affaires publiques, pour lesquelles il n’avait point de talent ; tandis qu’au contraire il y portait Charmidas, qui avait la capacité requise.

Il releva le courage d’Iphicrate par l’exemple