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mais Phanodicus et d’autres prétendent que ce fut leur père qui se présenta à l’assemblée, et qu’après avoir rendu compte au peuple de la générosité du philosophe, il le nomma sage; que là-dessus le trépied fut envoyé à Bias, qui ayant regardé l’inscription, dit qu’il n’y avait qu’Apollon de sage, et refusa de le prendre. D’autres disent qu’il reçut le trépied, mais qu’il le consacra à Hercule dans la ville de Thèbes, en considération de ce qu’il était issu des Thébains, dont Priène était une colonie, selon Phanodicus.

On rapporte que Priène sa patrie étant assiégée par Alyattes, il engraissa deux mulets, qu’il chassa ensuite vers le camp ennemi; et que le roi, étonné de voir ces animaux en si bon état, envoya reconnaître la place, dans l’incertitude s’il lèverait le siége; qu’informé du dessein, Bias couvrit de blé deux grands monceaux de sable qu’il fit voir à l'espion; qu’Alyattes, ayant entendu son rapport, proposa des conditions aux assiégés; et qu'après la conclusion de la paix il manda Bias, qui lui conseilla de manger des oignons, lui donnant à entendre qu’il avait lieu de pleurer de sa crédulité. Il passe pour avoir été habile jurisconsulte et ardent dans ses plaidoyers, mais il n’employait ce feu qu’à défendre de bonnes causes. Par cette raison, Démodicus de Léros le conne pour modèle, en disant que « si on a des causes à juger, il faut imiter l’exemple de Priène; » et Hipponax ne fait pas moins son éloge, lorsqu’il dit que « si on est appelé à juger, il faut surpasser Bias de Priène. » Voici de quelle manière il mourut. Il était fort avancé en âge, et plaidait une cause. S’étant tû pour se reposer, il appuya sa tête sur son petit-fils, pendant que son adversaire exposait ses raisons. Les juges ayant pesé les unes et les autres, prononcèrent en faveur de Bias; mais comme l'assemblé se séparait, on trouva qu'il avait rendu l’ame dans l’attitude où il s'était mis. La ville lui fit de magnifique obsèques, et fit mettre cet éloge sur son tombeau :