Page:Diogène Laërce - Vies, édition Lefèvre,1840.djvu/513

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


les alarmes que donne la pensée de la mort, et qu’ils y trouvassent le secret de savoir désirer ce qui leur est nécessaire pour bien vivre, j’aurais tort de les reprendre, puisqu’ils seraient au comble de tous les plaisirs, et que rien ne troublerait en aucune manière la tranquillité de leur situation.

XI.

Si tout ce que nous regardons dans les dieux comme des miracles ne nous épouvantait point, si nous pouvions assez réfléchir pour ne point craindre la mort, parce qu’elle ne nous concerne point ; si enfin nos connaissances allaient jusqu’à savoir quelle est la véritable fin des maux et des biens, l’étude et la spéculation de la physique nous seraient inutiles.

XII.

C’est une chose impossible que celui qui tremble à la vue des prodiges de la nature, et qui s’alarme de tous les événements de la vie, puisse être jamais exempt de peur ; il faut qu’il pénètre la vaste étendue des choses et qu’il guérisse son esprit des impressions ridicules des fables : on ne peut, sans les découvertes de la physique, goûter de véritables plaisirs.

XIII.

Que sert-il de ne point craindre les hommes, si l’on doute de la manière dont tout se fait dans les cieux, sur la terre et dans l’immensité de ce grand tout ?

XIV.

Les hommes ne pouvant nous procurer qu’une certaine tranquillité, c’en est une considérable que celle qui naît de la force d’esprit et du renoncement aux soucis.

XV.

Les biens qui sont tels par la nature sont en petit nombre et aisés à acquérir, mais les vains désirs sont insatiables.

XVI.

Le sage ne peut jamais avoir qu’une fortune très médiocre ; mais s’il n’est pas considérable par les biens qui dépendent d’elle, l’élévation de son esprit et l’excellence de ses conseils le mettent au-dessus des autres ; ce sont eux qui sont les mobiles des plus fameux événements de la vie.

XVII.

Le juste est celui de tous les hommes qui vit sans trouble et sans désordre ; l’injuste, au contraire, est toujours dans l’agitation.