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occasions.

[120a] Il peut aussi arriver qu’il soit appelé en jugement. Il laissera à la postérité des productions de son génie ; mais il s’abstiendra de composer des panégyriques. Il amassera du bien sans attachement, pourvoira à l’avenir sans avarice, et se préparera à repousser courageusement les assauts de la fortune. Il ne contractera aucune liaison d’amitié avec l’avare, et aura soin de maintenir sa réputation, de crainte de tomber dans le mépris. Son plus grand plaisir consistera dans les spectacles publics.

[120b] Tous les vices sont inégaux. La santé, selon quelques uns, est une chose précieuse ; d’autres prétendent qu’elle doit être indifférente. La nature ne donne point une magnanimité achevée, elle ne s’acquiert que par la force du raisonnement. L’amitié doit être contractée par l’utilité qu’on en espère, de la même manière que l’on cultive la terre, pour recueillir l’effet de sa fertilité ; cette belle habitude se soutient par les plaisirs réciproques du commerce qu’on a lié.

[121a] Il y a deux sortes de félicités, l’une est suprême, et n’appartient qu’à Dieu : elle est toujours égale sans augmentation, ni diminution ; l’autre lui est inférieure, ainsi que celle des hommes : le plus et le moins s’y trouvent toujours.

[121b] Le sage pourra avoir des statues dans les places publiques ; mais il ne recherchera point ces sortes d’honneurs. Il n’y a que le sage qui puisse parler avec justesse de la musique et de la poésie. Il ne lira point de fictions poétiques, et n’en fera point. Il n’est point jaloux de la sagesse d’un autre. Le gain est permis au sage dans le besoin, pourvu qu’il l’acquière par la science. Le sage obéira à son prince quand l’occasion s’en présentera. Il se réjouira avec celui qui sera rentré dans le chemin de la vertu. Il pourra tenir une école, pourvu que le vulgaire n’y soit point reçu. Il pourra lire quelques-uns de ses écrits devant le peuple ; que ce ne soit pourtant pas de son propre mouvement. Il sera fixe en ses opinions, et ne mettra point tout en doute. Il sera aussi tranquille dans le sommeil que lorsqu’il sera éveillé. Si l’occasion se présente, le sage mourra pour son ami. »

Voilà les sentiments qu’ils ont du sage. Maintenant passons à la lettre qu’il écrivit à Ménecée.


ÉPICURE À MÉNECÉE. SALUT.

[122] « La jeunesse n’est point un obstacle à l’étude de la philosophie. On ne doit point différer d’acquérir ces connaissances, de même qu’on ne doit point avoir de honte de consacrer ses dernières années