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comme ils le sont, mais que les hommes, ayant dans chaque pays leurs propres idées, les exprimèrent par un son articulé convenablement à ces sentiments et à ces idées ; que cette articulation se trouva même différente selon les lieux ;

[76] « qu’ensuite on convint dans chaque pays d’imposer certains noms aux choses, afin de les faire connaître aux autres d’une manière moins équivoque et de les exprimer d’une façon plus abrégée ; que ces expressions servirent à montrer des choses qu’on ne voyait point à ceux qui savaient les y appliquer, et dont les unes doivent leur origine à la nécessité, elles autres à ce qu’on a dû employer dans le discours les mots qui étaient le plus en usage.

« Quant aux corps célestes, à leurs mouvements, leurs changements, les éclipses, le lever et le coucher du soleil, et autres phénomènes compris dans cette classe, on ne doit point s’imaginer qu’ils se fassent par le ministère de quelque être qui les ordonne, les arrange, et qui réunit en lui-même la béatitude et l’immortalité : [77] car les occupations, les soucis, les colères et la joie ne sympathisent point avec la félicité ; tout cela ne peut venir que d’infirmité, de crainte et du besoin des choses nécessaires. On ne doit pas croire non plus que ce soient des natures de feu, qui, jouissant de la félicité, se soient accordées à recevoir volontairement ces mouvements.

« Il faut observer tout cet arrangement de manière que ces sortes d’idées ne renferment rien qui paraisse contraire à la beauté de l’arrangement, cette contrariété ne pouvant que produire beaucoup de trouble dans nos esprits. Ainsi il faut penser que ces mouvements s’exécutent suivant des lois établies dès l’origine du monde, et que ce sont des mouvements périodiques qui se font nécessairement.

[78] « L’étude de la nature doit être regardée comme destinée à nous développer les causes des principaux phénomènes, et à nous faire envisager les choses célestes sous une face qui contribue à notre bonheur, nous portant à considérer, pour en acquérir une meilleure connaissance, l’affinité qu’elles ont avec d’autres choses, et nous faisant observer que la manière diverse dont se font ces mouvements, ou dont ils peuvent se faire, pourrait encore renfermer d’autres différences ; mais qu’il nous suffit de savoir que la cause de ces mouvements ne doit point être cherchée dans une nature bienheureuse et incorruptible qui ne saurait renfermer aucun sujet de trouble. Il ne s’agit que de penser pour concevoir que cela est ainsi.

[79] « Il faut dire de plus que la connaissance des causes du lever et du coucher du soleil, des solstices, des éclipses, et d’autres phénomènes semblables