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atomes, ou qu’elles fussent les principes de la grandeur du tout ou de la petitesse d’une partie. Elles ne font, comme je dis, que contribuer à ce que le corps ait par leur moyen une essence constante. Il faut remarquer qu’il arrive en tout cela des additions et des interruptions ; mais en supposant que l’assemblage suive ensemble et ne soit point divisé, parce que c’est en conséquence de la réunion de ce qui compose le corps qu’il reçoit sa dénomination (06).

[70] « Il arrive souvent aux corps d’être accompagnés de quelque chose qui n’est pas constant, qui n’a point lieu en tant qu’il ne tombe pas sous la vue, et qui n’est point incorporel. En prenant donc ce mot suivant le sens qui y est le plus généralement attaché, nous donnons à entendre que les accidents n’ont point la nature du tout que nous appelons corps, en réunissant tout ce qui entre dans son essence, non plus que celle des qualités qui l’accompagnent toujours et sans lesquelles on ne peut avoir aucune idée du corps. On ne doit les considérer que comme des choses qui accompagnent l’assemblage du corps par une espèce d’addition ; [71] quelquefois même on envisage les qualités séparément, d’autant que les accidents ne les suivent pas toujours. On ne saurait même nier que ce qui est ainsi n’est ni de la nature du tout à qui il survient quelque chose et que nous nommons corps, ni de la nature des choses qui l’accompagnent constamment, ni qu’il ne doive point être regardé comme subsistant par lui-même : car il ne faut penser cela ni des accidents ni des attributs constants. Au contraire, ainsi qu’il parait, tous les corps sont des accidents qui n’ont point de suite nécessaire ni d’ordre naturel, et qui doivent être considérés tels que les sens se les représentent.

[72] « Il faut avoir attention à ce principe, parce que nous ne devons pas rechercher la nature du temps de la manière dont nous recherchons les autres choses qui sont dans quelque sujet, en les rapportant aux notions antécédentes que nous en avons en nous-mêmes. On en doit parler selon l’effet même qui nous le fait appeler court ou long, sans chercher là-dessus d’autres manières de nous exprimer, comme si elles étaient meilleures. Il faut se servir de celles qui sont en usage, et ne point dire d’autres choses sur