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parlons que de celle qui est petite, et nous excluons celle qui s’étend en longueur. Il faut concevoir aussi les extrémités des longueurs comme étant petites et sans mélange, par où elles peuvent également servir de mesure pour ce qui est grand et petit, selon la manière dont l’esprit considère les choses invisibles, la convenance qu’elles ont avec les choses qui ne sont pas sujettes au changement, les rendant propres à les former jusque-la.

[60] Il ne peut se faire de mouvement des atomes tout d’un côté ; et, lorsqu’on parle du haut et du bas par rapport à l’infini, il ne faut pas proprement l’appeler haut et bas, puisque ce qui est au-dessus de notre tète, si on le suppose aller jusqu’à l’infini, ne peut plus être aperçu, et que ce qui est supposé au-dessous se trouve être en même temps supérieur et inférieur par rapport au même sujet, et cela à l’infini. Or, c’est de quoi il est impossible de se former d’idée ; il vaut donc mieux supposer un mouvement à l’infini qui aille vers le bas, quand même ce qui, par rapport à nous, est supérieur toucherait une infinité de fois les pieds de ceux qui sont au-dessus de nous, et que ce qui, par rapport à nous, est inférieur toucherait la tête de ceux qui sont au-dessous de nous ; car cela n’empêche pas que le mouvement entier des atomes ne soit conçu en des sens opposés l’un à l’autre à l’infini.

[61] « Les atomes ont tous une égale vitesse dans le vide, où ils ne rencontrent aucun obstacle. Les légers ne vont pas plus lentement que ceux qui ont plus de poids, ni les petits moins vite que les grands, parce que n’y ayant rien qui en arrête le cours, leur vitesse est également proportionnée, soit que leur direction les porte vers le haut ou qu’elle devienne oblique par collision, ou qu’elle tende vers le bas en conséquence de leur propre poids : car autant qu’un atome retient l’autre, autant celui-ci emploie de mouvement contre lui avec une action plus prompte que la pensée, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien qui lui résiste soit au dehors, soit dans son propre poids.

[62] « D’ailleurs un atome n’a pas plus de vélocité que l’autre dans les compositions, parce qu’ils ont encore une vitesse égale relativement aux assemblages qu’ils forment et dans le moindre temps continue : que s’ils ne sont pas portés dans un même lieu et qu’ils soient souvent repoussés, ils seront transportés par des temps mesurables, jusqu’à ce que la continuité de leur transport tombe sous les sens : car l’opinion où l’on est touchant ce qui est invisible, que les espaces de temps qu’on peut mesurer emportent un transport continu, n’est pas véritable dans le sujet dont il s’agit, puisque tout ce que