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ce qu’on ne voit pas qui ait lieu ; et on ne comprend pas non plus comment on pourrait voir un atome.

« Il ne faut pas aussi penser que dans un corps terminé il y ait une infinité d’atomes, et de toute grandeur. Ainsi, non seulement on doit rejeter cette divisibilité à l’infini qui s’étend jusqu’aux plus petites parties des corps, ce qui va à tout exténuer, et, en comprenant tous les assemblages de matière, à réduire à rien les choses qui existent ; il ne faut pas non plus supposer dans les corps terminés de transposition à l’infini et qui s’étende jusqu’aux plus petites parties, d’autant plus qu’on ne peut guère comprendre comment un corps qu’on supposerait renfermer des atomes à l’infini ou de toute grandeur peut être ensuite supposé avoir une dimension terminée.

[57] « De plus, soit qu’on suppose (04) certains atomes infinis dans leur quantité, soit qu’on mette cette infinité dans leurs quantités diverses, cela devra toujours produire une grandeur infinie. Cependant elle a une extrémité dans un corps terminé ; et si on ne peut la considérer à part, on ne peut de même imaginer ce qui suit ; de sorte qu’en allant toujours à rebours, il faudra passer par la pensée jusqu’à l’infini.

[58] « Quant à ce qu’il y a de moindre dans l’atome, il faut considérer qu’il n’est ni entièrement semblable aux parties qui reçoivent des changements, ni entièrement différent d’elles, ayant ensemble une certaine convenance, excepté qu’il n’a point de parties distantes ; mais comme, à cause de cette convenance, nous croyons en séparer quelque chose, tantôt à un égard, tantôt à l’autre, il agit sur nous comme s’il ne différait point du tout du sujet. Et de même que, quand nous considérons les objets de suite en commençant par le premier, nous n’en mesurons pas la grandeur eu le considérant en lui-même ou par l’addition d’une partie à l’autre, mais par ce que chaque chose est en particulier, nous servant d’une plus grande mesure pour les grandes et d’une plus petite pour les moindres, il faut penser que la même analogie a lieu par rapport à ce qu’il y a de moindre dans l’atome. Il diffère par sa petitesse de ce qui tombe sous les sens, mais il est soumis à la même analogie ;

[59] « et quand nous disons que l’atome a une grandeur suivant cette analogie, nous ne