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la voix ou par les choses semblables qui frappent l’ouïe, car il faudrait beaucoup d’effort pour que cela arrivât : c’est la percussion, que nous éprouvons à l’ouïe, d’une voix, laquelle se fait par le moyen d’un écoulement de corpuscules, accompagné d’un souffle léger, et propre à nous donner la sensation de l’ouïe.

« Il en est de l’odorat comme de cet autre sens, puisque nous n’éprouverions aucune sensation s’il n’y avait des corpuscules qui, se détachant des objets qui nous les communiquent, remuent les sens par la proportion qu’ils ont avec eux ; ce que les uns font d’une manière confuse et contraire, les autres avec ordre et d’une façon plus naturelle.

[54] « Outre cela, il faut croire que les atomes ne contribuent aux qualités des choses que nous voyons que la figure, la pesanteur, la grandeur, et ce qui fait nécessairement partie de la figure, parce que toute qualité est sujette au changement, au lieu que les atomes sont immuables. En effet, il faut que dans toutes les dissolutions des assemblages de matière il reste quelque chose de solide qui ne puisse se dissoudre et qui produise les changements, non pas en anéantissant quelque chose ou en faisant quelque chose de rien, mais par des transpositions dans la plupart, et par des additions et des retranchements dans quelques autres. Il est donc nécessaire que les parties des corps qui ne sont point sujettes à transposition soient incorruptibles, aussi bien que celles dont la nature n’est point sujette à changement, mais qui ont une masse et une figure qui leur sont propres.

[55] Il faut donc que tout cela soit permanent, puisque, par exemple, dans les choses que nous changeons nous-mêmes de propos délibéré, on voit qu’elles conservent une certaine forme, mais que les qualités qui ne résident point dans le sujet même que l’on change n’y subsistent pas, et qu’au contraire elles sont séparées de la totalité du corps. Les parties qui se maintiennent dans le sujet ainsi changé suffisent pour former les différences des compositions, et il doit rester quelque chose, afin que tout ne se corrompe pas jusqu’à s’anéantir.

« Il ne faut pas croire que les atomes renferment toutes sortes de grandeurs, car cela serait contredit par les choses qui tombent sous les sens ; mais ils renferment des changements de grandeur, [56] ce qui rend aussi mieux raison de ce qui se passe par rapport aux sentiments et aux sensations. Il n’est pas nécessaire encore, pour la différence des qualités, que les atomes aient toutes sortes de grandeurs. Si cela était, il y aurait aussi des atomes que nous devrions apercevoir ;