pour sa conservation ; mais vos désirs n’ont point de bornes. Consultez sur cette matière le sage fils de Néoclès ; il n’eut d’autre maître que les Muses, ou le trépied d’Apollon.
Cette vérité sera beaucoup mieux éclaircie dans la suite par ses dogmes et par ses propres paroles.
Il s’attachait particulièrement, si l’on en croit Dioclès, à l’opinion d’Anaxagore entre les anciens, quoiqu’en quelques endroits il s’éloignât de ses sentiments. Il suivait aussi Archélaüs, qui avait été le maître de Socrate.
Il dit qu’il exerçait ses écoliers à apprendre par cœur ce qu’il avait écrit. [13] Apollodore a remarqué, dans ses Chroniques, qu’il écouta Lysiphanes et Praxiphanes ; mais Épicure parle tout différemment dans ses Épîtres à Eurydicus ; car il assure qu’il n’eut d’autre maître dans la philosophie que sa propre spéculation, et que ni lui ni Hermachus ne disent point qu’il y ait jamais eu de philosophe appelé Leucippe ; qu’Apollodore néanmoins, sectateur d’Épicure, affirme avoir enseigné Démocrite. Au reste, Démétrius de Magnésie fait foi qu’il fut auditeur de Xénocrate.
Sa diction est proportionnée à la matière qu’il traite ; aussi Aristophane le grammairien le reprend de ce qu’elle n’était point assez élégante : mais sa manière d’écrire a été si pure et si claire, que, dans le livre qu’il a composé de la Rhétorique, il a soutenu qu’il ne fallait exiger de cet art que les règles de se faire entendre facilement.
[14] Au lieu de mettre pour inscription à toutes ses Épîtres ces paroles : « Soyez en santé ; réjouissez-vous ; que la Fortune vous rie ; passez agréablement le temps, » il recommandait toujours de vivre honnêtement.
Il y en a qui, dans la Vie d’Épicure, soutiennent qu’il a pris le livre intitulé Canon ou Règle dans le traité du Trépied, qu’on attribuait à Nausiphane, lequel, selon ces mêmes auteurs, fut son maître, aussi bien que Pamphile le platonicien, qui enseignait dans l’île de Samos. Ils ajoutent qu’il commença d’étudier en philosophie à l’