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jeune. il ne s’embarrassait pas d’être troublé par ses domestiques ou par des chiens, n’ayant rien plus à cœur que la tranquillité d’esprit. On dit qu’Aratus lui demanda comment on pourrait faire pour avoir un Homère correct, et qu’il répondit: « qu’il fallait tâcher d’en trouver les plus anciens exemplaires, et non d’autres plus récents revus et corrigés. » Il laissait traîner ses productions, qui étaient souvent à demi rongées par négligence. On conte là-dessus que l’orateur Zopyrus, lisant un de ses ouvrages, dont Timon lui montrait des endroits, lorsqu’ils vinrent à la moitié du livre, il s’en trouva une partie déchirée; ce que Timon avait ignoré jusqu’alors, tant il était indifférent à cet égard. Il était d’une si heureuse complexion, qu’il n’avait aucun temps marqué pour prendre ses repas.

on raconte que, voyant Arcésilas marcher accompagné de flatteurs à droite et à gauche, il lui dit : « Que viens tu faire parmi nous, qui sommes libres et exempts de servitude? » Il avait coutume de dire que de ceux qui prétendaient que les sens s’accordent avec l’entendement dans le rapport qu’ils font des objets : Attagas et Numenius sont d’accord. Ordinairement il prenait un ton railleur. Il dit une jour à quelqu’un qui se faisait de tout une sujet d’admiration : « Pourquoi ne vous étonnez-vous pas de ce qu’étant trois ensemble, nous n’avons que quatre yeux? » En effet, lui et Dioscoride son disciple étaient chacun privé d’un œil, au lieu que celui à qui il parlait en avait deux. Arcésilas lui demanda pour quelle raison il était venu de Thèbes. « Afin, lui répliqua-t-il, d’avoir occasion de me moquer de vous, qui vous êtes élevé à un si haut degré. » Néanmoins il a donné, dans son livre intitulé Repas d’Arcésilas, des louanges à ce même philosophe qu’il avait dénigré dans ses Poécies burlesques.

Ménodote écrit que Timon n’eut point de successeur. Sa secte finit avec sa vie, jusqu’à ce qu’elle fut renouvelée par Ptolomée de Cyrène. Au reste, Hippobote et