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vrait être, ou un signe apparent d’une chose apparente, ou un signe obscur d’une chose obscure, ou un signe obscur d’une chose apparente, ou un signe apparent d’une chose obscure. Or rien de tout cela n’a lieu; par conséquént point de signes. Il n’y en a pas d’apparent d’une chose apparente, puisque pareille chose n’a pas besoin de signe. Il n’y en a point d’obscur d’une chose obscure, car une chose qui est découverte par quelque autre doit être apparente. Il n’y en a point d’obscur d’une chose apparente, parcequ’une chose est apparente dès là même qu’elle est connaissable. Enfin il n’y a point de signe apparent d’une chose obscure, parceque le signe, regardant les relations des choses, est compris dans la chose même dont il est signe; ce qui ne peut autrement avoir lieu. De ces raisonnements, ils tiraient cette conséquence, qu’on ne peut parvenir à connaître rien des choses qui ne sont pas évidentes, puisqu’on dit que c’est par leurs signes qu’on doit les connaître.

Pareillement ils n’admettent point de cause à la faveur de ce raisonnement. La cause est quelque chose de relatif; elle a rapport à ce dont elle est cause: or les relations sont des objets de l’esprit qui n’ont point d’existence réelle; donc les causes ne sont que des idées de l’esprit. Car si elles sont effectivement causes, elles doivent être jointes à ce dont on dit qu’elles sont causes; autrement elle n’auront point cette qualité. Et de même qu’un père n’est point tel, à moins que celui dont on dit qu’il est père n’existe; de même aussi une cause n’est point cause sans la réalité de ce dont on dit qu’elle est cause. Cette réalité n’a point lieu, n’y ayant ni génération, ni corruption, ni autre chose semblable. De plus, s’il y a des causes, ou ce sera une chose corporelle qui sera cause d’une chose corporelle, ou ce sera une chose incorporelle qui sera cause d’une chose incorporelle; mais rien de cela n’a lieu, il n’y a donc point de cause. Une chose corporelle ne peut être cause d’une chose corporelle, puis-