Page:Diogène Laërce - Vies, édition Lefèvre,1840.djvu/440

Cette page n’a pas encore été corrigée

quillement un cochon qui mangeait à bord du vaisseau, et leur dit que la tranquillité de cet animal devait être celle du sage au milieu des dangers.

Numenius est le seul qui avance que ce philosophe admettait des dogmes dans sa philosophie.

Entre autres célèbres disciples de Pyrrhon, on nomme Euryloque, qui avait le défaut d’être si vif, qu’un jour il poursuivit son cuisinier jusqu’à la place publique, avec la broche et les viandes qui y tenaient. Une autre fois, étant embarrassé dans un dispute à Élis, il jeta son habit et traversa le fleuve Alphée. Il était, ainsi que Timon, grand ennemi des sophistes. Pour Philon, il se donnait plus au raisonnement; aussi Timon dit de lui :

Qu’il évite les hommes et les affaires, qu’il parle avec lui-même, et ne s’embarrasse point de la gloire des disputes.

Outre ceux-là, Pyrrhon eut pour disciples Hécatée d’Abdère, Timon de Phliasie, auteur des poésies satiriques, duquel nous parlerons ci-après; et Nausiphane de Tejum, que la plupart prétendent avoir été le maître d’Épicure.

Tous ces philosophes s’appelaient pyrrhoniens, du nom de Pyrrhon, dont ils avaient été les disciples. Eu égard au principe qu’ils suivaient, on les nommait autrement hésitants, incertains, doutants et rechercheurs. Le titre de rechercheurs portait sur ce qu’ils cherhaient toujours la vérité; celui de doutants, parcequ’après leurs recherches ils persévéraient dans les doutes; celui d’hésitants, parcequ’ils balançaient à se ranger parmi les dogmatistes. J’ai dit qu’on les appelait pyrrhoniens, du nom de Pyrrhon; mais Théodosius, dans ses Chapitres sceptiques, trouve que le nom de pyrrhoniens ne convient point à ces philosophes incertains, parcequ’entre deux sentiments contraires l’ame ne penche pas plus d’un côté que d’un autre. On ne peut pas même se faire une idée de la