Page:Diogène Laërce - Vies, édition Lefèvre,1840.djvu/423

Cette page n’a pas encore été corrigée

que l’ame est un mélange des éléments dont nous avons parlé, mais en telle proportion, qu’elle ne tient pas plus de l’un que de l’autre.

On raconte que, piqué au vif à l’occasion de quelques injures que l’on vomissait contre lui, quelqu’un l’ayant repris de sa colère, il répondit : Si je ne suis pas sensible aux invectives, le serai-je aux louanges?

En parlant de Zénon de Cittien, nous avons fait mention de huit personnes de même nom. Celui-ci florissait vers la soixante dix-neuvième olympiade.




LEUCIPPE.

Leucippe était d’Élée, ou d’Abdère selon quelques uns, ou de Milet selon d’autres.

Ce disciple de Zénon croyait que le monde est infini; que ses parties se changent l’une dans l’autre; que l’univers est vide et rempli de corps; que les mondes se forment par les corps qui tombent dans le vide et s’accrochent l’un à l’autre; que le mouvement qui résulte de l’accroissement de ces corps produit les astres; que le soleil parcourt le plus grand cercle autour de la lune; que la terre est portée comme un chariot; qu’elle tourne autour du centre, et que sa figure est pareille à celle d’un tambour. Ce philosophe est le premier qui ait établi les atomes pour principes. Tels sont les sentiments en général; les voici plus en détail :

Il croyait, comme on vient de le dire, que l’univers est infini; que, par rapport à quelques unes de ses parties, il est vide, et plein par rapport à quelques autres. Il admettait des éléments, qui servent à produire des mondes à l’infini, et dans lesquels ils se dissolvent. Les mondes, suivant ce philosophe, se font de cette manière : un grand nombre de corpuscules, détachés de l’infini et différents en toutes sortes de figures, voltigent dans le vide im-