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Successions, assure qu’après qu’il eut nommé ses complices, le tyran l’interrogea s’il y avait encore quelque coupable; qu’à cette demande, il répondit : Oui, c’est toi-même, qui es la peste de la ville; qu’ensuite il adressa ces paroles à ceux qui étaient présents : Je m’étonne de votre peu de courage, si, après ce qui m’arrive, vous continuez encore de porter le joug de la tyrannie; qu’enfin, s’étant mordu la langue en deux, il la cracha au visage du tyran; que ce spectacle anima tellement le peuple, qu’il se souleva contre Néarque, et l’assomma à coups de pierres. La plupart des auteurs s’accordent dans les circonstances de cet événement; mais Hermippe dit que Zénon fut jeté et mis en pièces dans un mortier. Cette opinion est celle que nous avons suivie dans ces vers sur le sort du philosophe :

Affligé de la déplorable oppression d’Élée la patrie, tu veux, courageux Zénon, en être le libérateur. Mais le tyran, qui échappe à ta main, te saisit de la sienne, et t’écrase, par un cruel genre de supplice, dans un mortier, à coups de pilon.

Zénon étant encore illustre à d’autres égards. Semblable à Héraclite, il avait l’ame si élevée, qu’il méprisait les grands. Il en donna des preuves en ce qu’il préféra, à la magnificence des Athéniens, Élée, sa patrie, chétive ville, autrefois appelée Hyelé, et colonie des Phocéens; mais recommandable pour la probité de ses habitants. Aussi allait-il peu à Athènes, se tenant chez lui la plupart du temps.

Il est le premier qui, dans le dispute, ait fait usage de l’argument connu sous le nom d’Achille, quoi qu’en puisse dire Phavorin, qui cite avant lui Parménide et plusieurs autres.

Il pensait qu’il y a plusieurs mondes et point de vide; que l’essence de toutes choses est composée de changements réciproques du chaud, du froid, du sec et de l’humide; que les hommes sont engendrés de la terre, et