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Démétrius, dans son livre des Auteurs de même nom, rapporte qu’il eut du mépris pour les Athéniens, malgré la grande opinion qu’ils avaient de son mérite, et que quoiqu’il ne fût pas fort estimé des Éphésiens, il préféra de demeurer chez eux. Démétrius de Phalère a aussi parlé de lui dans sa Défense de Socrate.

Son livre a eu plusieurs commentateurs : Antisthène; Héraclite et Cléanthe, natifs du Pont; Sphærus les stoïcien, Pausanias surnommé l’Héraclitiste, Nicomède, Denys et Diodote entre les grammairiens. Celui-ci prétend que cet ouvrage ne roule pas sur la nature, mais sur la politique, ce qui s’y trouve sur la première de ces matières n’y étant proposé que sous l’idée d’exemple. Jérôme nous instruit qu’un nommé Scythinus, poëte en vers ïambes, avait entrepris de versifier cet ouvrage.

On lit diverse épigrammes à l’occasion d’Héraclite, entre autres celle-ci :

Je suis Héraclite : à quel propos, gens sans lettres, voulez-vous me connaître de plus près? Un travail aussi important que le mien n’est pas fait pour vous; il ne s’adresse qu’aux savants. Un seul me suffit autant que trois mille. Que dis-je? Une infinité de lecteurs me vaut à peine un seul qui m’entend. J’en avertis, j’en instruis les mânes et les ombres.

En voici d’autres semblables :

Lecteur, ne parcourez pas Héraclite avec trop de vitesse. Les routes qu’il trace sont difficiles à trouver. Vous avez besoin d’un guide qui vous conduise à travers les ténèbres qu’il répand sur ses écrits, et, à moins qu’un fameux devin ne vous déchiffre le sens de ses expressions, vous n’y verrez jamais clair.

Il y a eu cinq Héraclites : le premier est celui-ci; le second, poëte lyrique, qui a fait l’éloge des douze dieux; le troisième, natif d’Halicarnasse et poëte élégiaque, au sujet duquel Callimaque composa ces vers :

Héraclite, na nouvelle de la mort m’a arraché les larmes des yeux, en me souvenant combien de jours nous avons passés ensem-