Page:Diogène Laërce - Vies, édition Lefèvre,1840.djvu/414

Cette page n’a pas encore été corrigée

de la terre, ne passe pas par des espaces purs, au lieu que le soleil est placé dans un lieu put, clair et éloigné de nous à une distance proportionnée; ce qui fait qu’il éclaire et échauffe davantage. Les éclipses du soleil et de la lune viennent de ce que les bassins qui forment ces astres sont tournés à rebours de notre côté, et les phases que la lune présente chaque mois viennent de ce que le bassin qui la forme tourne peu à peu. Les jours et les nuits, les mois, les saisons, les années, les pluies, les vents et autres phénomènes semblables, ont leur cause dans les différences des évaporations. L’évaporation pure, enflammée dans le cercle du soleil, produit le jour; l’évaporation contraire à celle-là cause la nuit. Pareillement la chaleur, augmentée par les évaporations pures, occasionne l’été, et au contraire l’augmentation de l’humidité par les évaporations obscures amène l’hiver. Ainsi raisonne Héraclite sur les autres causes naturelles. Au reste, il ne s’explique, ni sur la forme de la terre, ni sur les bassins des astres. Voilà ce qu’on sait de ses opinions.

Nous avons eu occasion de parler, dans la Vie de Socrate, de ce que ce philosophe pendait d’Héraclite après en avoir lu le livre que lui remit Euripide, comme rapporte Ariston. Néanmoins Séleucus le grammairien dit qu’un nommé Croton, dans un ouvrage intitulé le Verseur d’eau, raconte que ce fut un certain Cratès qui le premier fit connaître ce livre en Grèce, et qui en avait cette idée, qu’il faudrait être nageur de Délos pour ne pas y suffoquer. Ce livre d’Héraclite est différemment intitulé : les Muses par les uns, de la Nature, par les autres. Diodote le désigne sous ce titre : le Moyen de bien conduire sa vie; d’autres le distinguent sous celui-ci : la Science des mœurs, renfermant une règle de conduite universelle.

Héraclite, interrogé pourquoi il ne répondait pas à ce qu’on lui demandait, réplique : C’est afin que vous par-