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ayant été guéri de son hydropisie, mourut d’une autre maladie; en quoi Hippobote est de même sentiment.

A la vérité, l’ouvrage qui porte son nom a en général la nature pour objet : aussi il roule sur trois sortes de matières, sur l’univers, sur la politique et la théologie. Selon quelques uns, il déposa cet ouvrage dans le temple de Diane, et l’écrivit exprès d’une manière obscure, tant afin qu’il ne fût entendu que par ceux qui en pourraient profiter, qu’afin qu’il ne lui arrivât pas d’être exposé au mépris du vulgaire. De là cette critique de Timon :

Entre ceux-là est Héraclite, ce criard mal bâti, cet injurieux discoureur, et ce diseur d’énigmes.

Théophraste attribue à son humeur mélancolique les choses qu’il a écrites imparfaitement, et celles qu’il a traitées différemment de ce qu’elles sont. Antisthène, dans ses Successions, allègue pour preuve de sa grandeur d’ame, qu’il céda à son frère la présidence des affaires de prêtrise. Au reste, son livre lui acquit tant d’honneur, qu’il eut des sectateurs qui portèrent le nom d’héraclitiens.

Voici en général quelles furent ses opinions. Il croyait que toutes choses sont composées du feu et se résolvent dans cet élément; que tout se fait par un destin, et que tout s’arrange et s’unit par les changements des contraires; que toutes les parties du monde sont pleines d’esprits et de démons. Il a parlé aussi des divers changements qui se remarquent dans les mouvements de la nature. Il croyait de plus que la grandeur du soleil est telle qu’elle le parait; que la nature de l’ame est une choses si profonde, qu’on n’en peut rien définir, quelque route qu’on suive pour parvenir à la connaître. Il disait que l’opinion de soi-même est une maladie sacrée, et la vue une chose trompeuse. Quelquefois il s’énonce d’une manière claire et intelligible, de sorte que les esprits les plus lents peuvent l’en-