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SOLON.

Ce fut Solon qui régla que ceux qui récitaient les vers d’Homère en public le feraient alternativement, en sorte que l’endroit où l’un aurait cessé serait celui par lequel l’autre commencerait. Ainsi Solon a plus illustré Homère que ne l’a fait Pisistrate, comme le dit aussi Diuchidas dans le cinquième livre de ses Mégariques. Au reste, ces vers sont principalement ceux qui commencent par ces mots : Ceux qui gouvernaient Athènes, et ce qui suit.

Solon fut le premier qui désigna le trentième du mois par un nom relatif au changement de la lune. Apollodore, dans son Traité des Législateurs, livre ii, dit qu’il donna aussi aux neuf archontes le droit de faire un même tribunal. Il s’éleva de son temps une sédition entre les habitants de la veille, de la campagne et des côtes, mais dans laquelle il n’entremit ni sa personne ni son autorité. Il avait coutume de dire que les paroles présentent une image des actions, e que la puissance est ce qui fait le droit des rois; que les lois ressemblent aux toiles d’araignées, qui résistent à de petit efforts et se déchirent par de plus grands; qu’il faut sceller le discours par le silence, et le silence par le temps; que les favoris des tyrans sont comme les jetons : comme ceux-ci produisent des nombres tantôt plus grands, tantôt plus petits, de même les tyrans élèvent ceux qu’ils veulent au faite des honneurs, et puis les abaissent. On lui demanda pourquoi il ne s’était pas souvenu d’établir une loi contre les parricides : « Parceque je n’ai pas pensé, dit-il, que personne pût être assez dénaturé pour commettre un pareil crime. » Apprenez-nous, lui dit-on, quel serait le moyen le plus efficace pour empêcher les hommes à violer les lois : « Ce serait, répondit-il, que ceux à qui l’on ne fait point de tort fussent aussi touchés de celui qui est fait aux autres que s’il les regardait eux-mêmes. » Il disait encore que les richesses, en assouvissant les désirs, produisent l’orgueil. Il conseilla aux Athéniens de régler l’année se-