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PYTHAGORE.

Brontin de Crotone. D’autres disent qu’elle était femme de Brontin, et qu’elle fut disciple du philosophe. Il eut aussi une fille, nommée Damo, selon Lysis, dans son épître à Hipparque, où il parle ainsi de Pythagore :

Plusieurs personnes vous accusent de rendre publiques les lumières de la philosophie, contre les ordres de Pythagore, qui, en confiant ses commentaires à Damo sa fille, lui défendit de les laisser sortir de chez elle. En effet, quoiqu’elle pût en avoir beaucoup d’argent, elle ne voulut jamais les vendre, et aima mieux, toute femme qu’elle était, préférer à la richesse la pauvreté et les exhortations de son père.

Pythagore eut encore un fils, nommé Télauge, qui lui succéda, et qui, selon le sentiment de quelques uns, fut le maître d’Empédocle. On cite ces paroles, que celui-ci adressa à Télauge : « Illustre fils de Théano et de Pythagore. » Ce Télauge n’a rien écrit ; mais on attribue quelques ouvrages à sa mère. C’est elle qui, étant interrogée quand une femme devait être censée pure du commerce des hommes, répondit qu’elle l’était toujours avec son mari, et jamais avec d’autres. Elle exhortait aussi les mariées qu’on conduisait à leurs maris, de ne quitter leur modestie qu’avec leurs habits, et de la reprendre toujours en se rhabillant. Quelqu’un lui ayant demandé de quelle modestie elle parlait, elle répondit : De celle qui est la principale distinction de mon sexe.

Héraclide, fils de Sérapion, dit que Pythagore mourut âgé de quatre-vingts ans, selon le partage qu’il avait lui-même fait des différents âges de la vie ; mais, suivant l’opinion la plus générale, il parvint à l’âge de quatre-vingt-dix ans. Ces vers, que j’ai composés à son sujet, contiennent des allusions à ses sentiments :

Tu n’es pas le seul, ô Pythagore, qui t’abstiens de manger des choses animées ; nous faisons la même chose : car qui de nous se nourrit de pareils aliments ? Lorsqu’on mange du rôti, du bouilli, ou du salé, ne mange-t-on pas des choses qui n’ont plus ni vie ni sentiment ?